Atelier : Cité, citoyennes et citoyens





Armin Murmann
murmann@ies.unige.ch
 

L’informatique a un peu plus de 50 ans. D’abord militaire, elle est aussi devenue civile. Au début, elle est restée confinée dans les grandes administrations, entreprises et lieux de recherche - la grosse informatique loin du grand public. C’était le temps des factures sur cartes perforées qui nous intriguaient et des projets de fichages du citoyen consommateurs qui nous inquiétaient. L’avenir allait ressembler à " 1984 " d’Orwell. Avec l’arrivée à la fin des années 70 de l’ordinateur personnel, le changement était radical. Significatif pour cette période :

les premières publicités dans la presse quotidienne vantent, par exemple, les mérites des micro-ordinateurs pour la gestion du ménage (pub parue, en couleur - autre première -, dans Le Monde) ;
les projets de type " L’informatique pour tous ";
•le centre Mondial de l’informatique ;
les livres et les rapports " nationaux " concernant les défis informatiques.


Il y avait beaucoup de matériel à vendre, produite par l’industrie nationale, l’informatique devenait une dernière fois un enjeu de la politique industrielle nationale, mais peu d’applications intéressantes pour l’école, pour Madame et Monsieur tout le monde étaient proposées. Les changements se produisaient d’abord dans les ateliers (les robots industriels) et les bureaux (la bureautique, sic !). Aujourd’hui un ménage sur cinq, sur trois (selon) est équipé avec un ordinateur personnel. On joue, on travaille, on apprivoise les nouveaux logiciels pour ne pas être dépassé au travail, on surfe sur le net pour s’y perdre....

Les années nonante seront celles des réseaux informatiques. Précédé par la France avec son Minitel, le monde industrialisé fonce dans ce qu’il appelle la société d’information. A l’image de l’Allemagne des années trente avec ces autoroutes et le Volkswagen (voiture du peuple), les leaders économiques et politiques popularisent les autoroutes de l’information et l’accès Internet pour tout le monde. Mais, ne nous détrompons pas, l’initiative revient aux industrielles des transnationales qui le marquaient clairement par leur présence lors du Sommet G-7 à Bruxelles en 1995. Le matériel est prêt, les travaux d’infrastructures en cours - mais, on ne sait pas très bien quels services offrir, quels contenus passer par cette tuyauterie informationnelle - à part commercer.... Alors, depuis la grogne des consuméristes, des syndicats, des défenseurs des droit de l’Homme et des services publics, on convoque des groupes d’expert de haut niveaux, des forums et des conférences dont la dernière en date, " Le Citoyen et la Société de l ‘Information Mondiale " (Bruxelles 21-22 avril 1998). Désespérément on cherche à redonner confiance aux citoyennes et citoyens quant aux capacités (presque mythiques, car attribuées régulièrement aux " nouvelles " technologies du moment) d’aider à combler le déficit social et démocratique de la société.

Dans ce contexte, comment