La ville et l'internet créatif, coopératif et citoyen

 

 

Michel Briand 1 , Adjoint au maire de Brest, en charge de la démocratie locale, la citoyenneté et des nouvelles technologies,                                               
président du groupe de travail multimédia et vie dans la cité de l’Observatoire des télécommunications dans la ville (OTV).

 

1 Mairie de Brest, BP 868, 29279 Brest cedex, Michel.Briand@enst-bretagne.fr

 

 

 

Résumé : Les technologies de l'information et de la communication (TIC) bouleversent rapidement l'organisation économique, industrielle de nos sociétés. Hier décrié par nombre de "décideurs", l'internet est aujourd'hui présent dans tous les médias et devient un sujet d'intérêt des ministères. Porté par les progrès technologiques et la convergence informatique – télécom - médias du numérique, le marché de la consommation individuelle achète mobiles, ordinateurs, DVD, appareils photos numériques à une vitesse jamais connue auparavant. Mais l'innovation se diffuse inégalement : parce que l'on n'apprend pas aussi facilement à 50 ans qu'à 12 ans, parce que l'intérêt pour la lecture n'est pas également partagé dans la société, parce que la culture des réseaux coopératifs est éloignée de beaucoup de modes de fonctionnement et aussi parce que tout cela coûte du temps et de l'argent. Entre de nouvelles exclusions et le lien social, entre la défense des organisations hiérarchiques et le travail en réseau, nous avons la responsabilité, à l'échelle des territoires de promouvoir un internet créatif, coopératif et citoyen. Cet article essaie de montrer à travers l'exemple d'une ville ordinaire, Brest, la possibilité d'action des collectivités locales. L'action locale s'enrichit dans les échanges, les coopérations de multiples réseaux. Pour conclure cet article nous évoquerons l'enjeu de ces réseaux citoyens, qui à partir des expériences et des discussions, font émerger projets, connaissances, et contribuent à construire du bien commun.

 

 

Mots clés : territoire, ville, citoyenneté, appropriation sociale, coopération, réseaux

 


1) Les nouvelles technologies, enjeu de société

L’imprimerie, la radio, la télévision, les nouveaux médias et supports de l’information changent la société. Réforme pour certains, mutation, voire révolution pour d’autres, de profondes  transformations sont en cours qui concernent bien des domaines de l’économie, du travail, de la culture, ou de l’information.

Aujourd’hui les réseaux de communication mélangent nos paroles, nos images, nos textes et nous déplacent en quelques secondes à l’autre bout du monde pour lire, écrire ou regarder des images. Ce changement est difficile parce que cela va très vite, que se mélangent la lettre, le téléphone, l’ordinateur et la télévision. Pour se servir des nouveaux outils, chacun doit apprendre de nouvelles habiletés et ce n’est pas facile. Où apprend-t-on à re-configurer les micro-ordinateurs achetés en grande surface tombés en panne ? Il s’est vendu 300 000 appareils photos numériques l’an passé en France, mais où s’initie-t-on aux logiciels de traitement d’image ?

Et surtout l’accès matériel, les difficultés sont très inégales. Nous avons peu de statistiques sur la caractérisation des usagers, mais il est probable qu’aujourd’hui encore, une part importante des accès permanents à internet et aux réseaux à haut débit en France soient le fait des cadres des établissements scientifiques et des grandes entreprises travaillant autour des technologiques avancées. Par ailleurs, le coût, pour le particulier, de l’accès permanent (technologies ADSL, réseaux câblés de ville) en restreint considérablement l’usage.

Faute d’action politique, les technologies de l’information favorisent de nouvelles élites et laissent de côté des pans entiers de la population, exclus des nouvelles cités virtuelles. Les questions soulevées sont nombreuses : comment équiper utilement les écoles ? comment démocratiser l’accès au multimédia ? quels usages pour lutter contre l’exclusion ? quel accès au courrier électronique dans la mairie ? comment mettre en commun, rapprocher des informations sociales, géographiques ? que répondre aux demandes des associations, des équipements de quartier ?

L’accès à la société de l'information est une préoccupation nouvelle des élus et des services, en ville ou dans les campagnes. En deux ans les collectivités locales ont découvert beaucoup d’usages. Et pourtant que de freins ! peu d’élus, de responsables à utiliser, produire directement de l’information ! Au delà de la technique, les réseaux sont une culture de mise à disposition, d’ouverture à l’initiative des autres, (collègues, habitants, associations), d’élaboration coopérative. C’est une culture du faire ensemble qu’il nous faut apprendre.

Les collectivités locales sont devenues un maillon essentiel du lien social, du vivre en société.  L’accès à la société de l’information est un enjeu. Du silence ou de l’action des collectivités locales dépendra en partie le visage de la société. Vers de nouvelles élites branchées entre elles mais enfermées dans des habitats protégés ou vers une nouvelle république des savoirs partagés, s’efforçant de réduire les nouvelles exclusions ?

Permettre à chaque enfant d’apprendre à utiliser ces outils, les faire découvrir aux parents, faciliter l’usage aux associations, accompagner l’appropriation des enseignants, ouvrir des points d’accès publics de proximité dans les bibliothèques, les équipements de quartier, les maisons de retraite : allons-nous réguler une équité d’accès ou assister passif au développement inégal ?

Dans des services de plus en plus sollicités, de manière transverse, en réseaux d’acteurs locaux pour le bien vivre dans le quartier, le projet local éducatif, le contrat d’agglomération, les nouvelles technologies sont un outil précieux pour travailler ensemble par projet, par territoire. C'est de la pratique sociale que naîtront beaucoup d'usages pertinents,  à condition d’avoir la volonté d’écouter les aspirations, de susciter, d’accompagner les projets.

La société et ses ingénieurs ont fabriqué de formidables outils, mais

-                comment allons nous les utiliser ? quels sont les usages sociaux pertinents ?

-                comment permettre une alphabétisation de tous les groupes sociaux ?

-                comment intéresser les populations défavorisées et qu’ont-elles à y gagner ?

-                comment articuler cette politique avec la citoyenneté, l‘écoute des habitants ?

-                comment éviter des groupes communicants entre eux, désertant la vie sociale locale ?

Il appartient aux acteurs de la cité, qu'ils soient élu(e)s, associatifs, enseignant(e)s, technicien(ne)s ou citoyen(ne)s, de se poser ces questions, de créer les conditions d'un dialogue entre ceux qui maîtrisent ces outils et l'ensemble des groupes qui composent la cité.  La société de l’information n’est pas un  mythe auquel l’on adhère ou que l’on refuse, c’est un enjeu que chacun contribue à construire ou à subir.

2 Les nouvelles technologies dans la politique municipale

Globalement, élus et collectivités locales baignent dans un mode de fonctionnement hiérarchique où nombre de responsables gouvernent en conservant l'information. Souvent issus de la fonction publique ou des grandes entreprises, très peu d'élus avaient perçu au début du mandat 1995-2001 l'impact des nouvelles technologies dans l'évolution de notre société. Petit à petit, par le poids économique des technologies de l'information, la médiatisation d'internet, les déclarations volontaristes du gouvernement, les nouvelles technologies sont entrées dans l'action municipale.

En trois ans, la plupart des collectivités (villes ou communautés de communes, départements et régions) ont pris en charge l'ouverture de sites, vitrine pour le tourisme, l'accueil des entreprises et de manière très inégale, l'équipement des écoles, collèges et lycées. Mais aujourd'hui l'accès public de proximité, la prise en compte des publics les plus éloignés, le portail local de services aux habitants, d'accès aux droits et à l'emploi, les lieux ressources pour la création, la mise en réseau des services publics, le soutien à l'appropriation sociale, éducative par les associations, les parents, les enseignants restent une exception.[1]

Les problèmes ne sont pas financiers, l’expérience Brestoise montre qu'avec un peu de souplesse et beaucoup de bonnes volontés il est possible de mettre en œuvre des réalisations concrètes pour des coûts faibles. La difficulté réside davantage dans une compréhension de la mutation, dans la mise en mouvement des acteurs locaux et dans un changement de culture organisationnelle. Pris dans la gestion du quotidien, dans le temps contraint, les élus n'ont pas toujours la possibilité de prendre du recul et de se projeter sur l'avenir. Cette question n'est pas spécifique aux nouvelles technologies : l'urbanisation, l'essor du transport individuel, le projet éducatif local, la mixité sociale demandent tout autant une réflexion prospective.

De même le rapprochement des services des quartiers, le travail en réseau des services publics, toutes ces questions de gestion urbaine de proximité passent par un fonctionnement ouvert où l'initiative, le projet prennent le pas sur le contrôle hiérarchique. C'est une méthodologie de diffusion de l'innovation qu'il faut essayer de mettre en œuvre pour mobiliser les énergies, diffuser les expériences et convaincre. L'expérience tant à Brest qu'à travers les études de l'Observatoire des Télécommunication dans la Ville (OTV) [2] montrent qu'il y a toujours des enseignants motivés, des employés de l'ANPE, du CCASS, de bibliothèques prêts à s'investir. Définir des objectifs clairs, valoriser les initiatives créer les conditions d'une dynamique de réseau facilitent grandement la diffusion.

Internet et le multimédia, informations ouvertes interpellent aussi les élus dans leur dialogue avec le citoyen. Plus que la "démocratie directe de l'immédiateté", les questions de l'accès à l'information, de la concertation en amont, de l'association des habitants aux décisions les concernant, de l'expression des personnes isolées, exclues prennent davantage de poids avec les outils de l'internet et ne sont pas sans poser des questions de fond :

-                le pouvoir réside-t-il encore dans le contrôle de l'information ?

-                ou dans la capacité à organiser des projets, à représenter ?

-                à faire émerger le bien commun ?

-                comment articuler démocratie représentative et démarche participative ?

3 Axe de travail des premières réalisations Brestoises [3]

L'orientation politique des nouvelles technologies dans la ville de Brest est d’agir pour :

-                une équité d’accès et une appropriation sociale des outils et des usages

-                une mise en réseaux des acteurs locaux et une citoyenneté active.

Héritée des orientations générales du programme municipal, cette question de l'équité d'accès a facilité la prise en compte des nouvelles technologies dans la politique municipale, une fois admis le constat d'une forte inégalité par défaut . En quatre ans le nombre d’utilisateurs de l’internet est passé d’environ 8 000 à près de 30 000 sur Brest et la communauté urbaine, suivant en cela la progression des pays développés. Petit à petit de nouvelles couches sociales accèdent à ces outils : étudiants du second cycle (hier limités aux 3ème cycles scientifiques et écoles d’ingénieurs), grandes entreprises (banques, services publics, électronique), une minorité d’entrepreneurs (PMI, commerces, associations, culture) et un nombre croissant de familles bénéficiant de la baisse constante du coût des équipements.

Aujourd’hui, la majorité des utilisateurs reste socialement très typée, et à Brest 16 000 personnes, soit plus de la moitié, ont d’abord un usage dans le cadre du travail ou des études (UBO, Ifremer, écoles d’ingénieur, Thomson, Epshom, banques, Mairie-CUB, hôpital...).

Pour réduire cette inégalité la ville a entrepris de favoriser l’accès dans les écoles, les points publics d’accès et les associations.

-                En trois ans, à leur  demande,  les 36 écoles [4] publiques de Brest ont un accès à internet, chaque classe est équipée d’un à deux micro-ordinateur en élémentaire, chaque maternelle et chaque BCD (bibliothèque d’école) disposent d’un à deux multimédia. Dans  trois quart des écoles, les ordinateurs sont maintenant connectés en réseau local.

-                Trente six points d’accès publics internet de proximité avec une personne médiateur (les « PAPI » [5] ) ont été ouverts permettant de trouver un papi à moins de 500 m dans une bibliothèque de quartier, un équipement socio-culturel (maison pour tous, centre social ou patronage laïque), ou un lieu associatif.

-                La mise à disposition de micros déclassés (52 l’an passé), le forum « internet pour tous dans les associations »[6], le soutien aux initiatives associatives (logiciel libre, vulgarisation, éducation populaire...) contribuent à la diffusion des usages : 120 associations brestoises [7] avaient un site en novembre 2000.

Compte tenu de la réserve initiale de bon nombre d’acteurs, la démarche a été modeste et progressive. Durant ces trois années, le budget d’investissement est passé de 2 à 6 F/an/habitant pour les écoles et de 2 à 4 F/an/habitant pour les papi à comparer aux 130F/an/habitant que coûte en général le chauffage des locaux gérés par la commune ou aux centaines de francs par an et par habitant du budget de l’action économique.

A ce titre Brest est une ville ordinaire, les nouvelles technologies dans la ville n’étaient pas un élément fort du programme de l’équipe municipale, en début de mandat seuls deux élus avaient déjà utilisé le courrier électronique. Par contre la volonté d’agir pour une certaine équité, point de départ de l’action est un élément structurant, mis en œuvre dans les tarifs différenciés de la ville et proposé à  ses partenaires (clubs sportifs, équipements de quartier).

Le succès de la démarche repose sur une implication forte des partenaires, un investissement individuel des jeunes recrutés sous statut emploi-jeune et un travail en réseau dynamique et convivial. La plupart des actions ont été discutées au sein d’un groupe de travail municipal « Citoyenneté et Nouvelles Technologies »[8] qui concerne maintenant plus de 200 personnes. Après l’éducation, l’associatif et les PAPI, deux nouveaux groupes concernent l’accès à l’emploi et l’accès aux droits (60 participants dont 30 structures à la première réunion) et le réseau des emploi-jeunes médiateurs. Réunions ouvertes, tours de table systématiques, mise en ligne de l’ensemble des informations (compte-rendus, participants, événements) ont favorisé l’essor de projets.

La mise en place d’une manifestation locale comme la fête de l’internet [9] s’auto-organise en une ou deux réunions avec le soutien actif du service de la ville qui recueille les informations sur les animations, prépare les documents de communication et aide à résoudre les problèmes matériels. Elu local et service sont davantage des facilitateurs qu’un organisateur de la manifestation.

La difficile question de la formation est abordée de façon modeste, parce que ce n’est pas un champ usuel d’intervention de la ville et du fait de contraintes budgétaires. La pratique actuelle s’appuie sur la diffusion et la mise en réseau des compétences des acteurs locaux. Ce sont  par exemple les mardis des nouvelles technologies où des ateliers sur les outils et leur usages sont organisés au Centre départemental de Documentation Pédagogique (CDDP) en alternance pour les acteurs brestois et pour les enseignants.

Une opération, comme les webtrotteurs [10] , qui a initié, au cours de 3 événements, une centaine de jeunes des quartiers à la pratique du reportage sur internet. Chemin faisant, ce projet a aussi permis de former ensemble une quinzaine d’intervenants de la maison de la lecture, de l’espace culture multimédia du Fourneau [11], d’animateurs d’équipements de quartier et d’enseignants de collèges et de lycée professionnels.

Le partenariat est un élément important de la diffusion de l’innovation. Faute de budget suffisant il ne nous était pas possible de sous-traiter à une entreprise extérieure le cablâge des écoles. Nous avons dû imaginer une solution où le cahier des charges et la recette sont de la responsabilité des services bâtiment et informatique-télécom, de la ville mais réalisés par un technicien recruté sous statut emploi jeune, encadré par un animateur informatique du CDDP.  L’équipement informatique et la création des sites des écoles se sont appuyés sur les compétences et la disponibilité de l’animateur informatique du collège de Kéranroux [12] , le soutien d’un ingénieur de la logistique réseau de l’ENST Bretagne [13] , l’engagement du directeur et des animateurs du CDDP puis de l’IUFM et l’implication de la ville (budget suivi par les services).

Cette culture du travail en réseau, de l’implication volontaire a grandement facilité la diffusion de l’intérêt pour les usages des technologies de l’information. Dans chacun des domaines de l’éducation, des équipements socio-culturels, des associations nous passons progressivement de pionniers, à une réelle diffusion, de la découverte  des outils aux usages et aux projets . Ce n’est que l’an dernier que la ville a lancé un appel à projet [14] sur le modèle de l’appel à projet de la Fondation de France pour soutenir les usages. 

Dans l’action locale, l’observation des usages et l’évaluation sont des éléments importants.  En collaboration avec l’Observatoire des usages de l’internet [15] animé par Michel Elie (OUI) nous menons régulièrement une enquête auprès des associations qui accompagne le travail de sensibilisation auprès des associations déjà cité. Associée à l’OTV, la ville a réalisé une enquête sur les usages dans les papi [16] qui nous a montré l’importance des requêtes liées à l’emploi et à la formation et a initié le groupe de travail sur l’accès aux droits et à l’emploi. L’an passé nous nous somme penchés sur l’usage des TIC dans les écoles avec un rapport de stagiaires de l’ENACT d’Angers, qui nous a conforté sur l’usage effectif des équipements et a mis en avant le problème de la maintenance des équipements et des réseaux.

4 Elargissement des objectifs

Au vu de ces années, le soutien à l’appropriation sociale et la réduction des inégalités, répond à un besoin social. Les activités concernées par le multimédia et les technologies de l’information se sont accrues dans le domaine du social, de la vie culturelle et associative, dans les services publics l’éducation. Des outils deviennent d’usage ordinaire : CD rom de l’observatoire social, site des écoles, de la ville [17], des associations, des bibliothèques [18]… L’équité d’accès et l’appropriation sociale, d’une part, le travail en réseau d’autre part restent les bases, car l’inégalité d’accès aux nouvelles technologies ne va pas se réduire avec l’émergence de nouveaux services autour du multimédia interactif et du mobile multimédia en 2001-2002. Mais de nouveaux besoins de création, de services, de mise en réseau des acteurs locaux apparaissent.

4.1 Les salles multimédia de quartier

Un premier axe concerne les Papi. Les points d’accès de proximité ont eu l’avantage outre l’accès de proximité, de sensibiliser les acteurs du service public local aux outils de l’internet : mission locale, bureau d’information jeunesse, CCAS, équipements de quartier ont maintenant des personnes formées. Mais le besoin se fait sentir de lieux d’accueils plus largement ouverts, propice à l’entraide, au développement de projets dans la durée à l‘image des cybercentres de Strasbourg [19] ou des centres multimédia de Parthenay.  C’est dans ce sens que la ville souhaite ouvrir des Espaces Publics Multimédia dans des équipements de quartiers avec des dominantes thématiques qui reflètent la diversité des usages :

-                Entraide Scolaire au Centre Social de Kérourien,

-                Musique Assistée par Ordinateur à la Maison Pour Tous du Valy-Hir,

-                Traitement de l’Image au Centre Socio-Culturel de Pontanézen,,

-                Emploi des jeunes adultes à la MPT de Pen Ar Créac’h

-                Lecture-Ecriture, au Centre Social de Keredern et au centre ville

Cet équipement est complété par l’ouverture de 2 salles multimédia d’école par an, salles utilisées la journée par les écoles en complément de l’équipement de base, mais aussi ouvertes en dehors du temps scolaire aux associations du quartier. La ville n’a mis au budget que l’équipement de 2 salles par an (250 kf soit environ 2F/an/habitant) mais sur 3 ans, nous n’avons pas reçu plus de 2 demandes par an de la part des 36 écoles. Ceci illustre bien que la difficulté est autant dans le partenariat à nouer, dans la disponibilité de salles de classe et dans un projet d’école que dans le financement proprement dit.

Une autre difficulté est celle de la constitution d’équipes d’animateurs multimédia indispensables pour donner vie à ces lieux. Il faut convaincre la majorité municipale de créer des postes d’abord sous statut emploi-jeunes et organiser un travail un indispensable travail en équipe. L’exemple de la ville de Strasbourg avec une formation en amont qui permet le recrutement de jeunes des quartiers n’ayant pas fait d’études supérieures, la mise en place de formations qualifiantes, le travail en réseau sont à ce sujet un exemple intéressant.

4.2 Accès aux droits et à l’emploi

Le second axe de développement est la création d’un site sur l’accès aux droits et à l’emploi. A partir de questions courantes, (les démarches à faire pour un licenciement, les services de la marine pour les fins de contrats, la recherche de logement pour un jeune qui quitte le domicile familial, le soutien aux familles monoparentales ;..) il s’agit de fournir de l’information de proximité et de favoriser le travail en réseau des acteurs du service public local. Ce projet initié depuis un an avance doucement parce qu’il faut construire cette coopération, associer les services de la ville et de la CUB, convaincre les responsables que la ville a un rôle à jouer  pour relier les acteurs et animer cette dynamique. Mais au delà de la réalisation d’un site, l’enjeu est celui du travail en réseau, d’une appartenance de structures souvent très diverses au même service public local.

Le regroupement sur une base de données commune et un support CD-rom de données possédées par chacun, qui constitue l’outil « observatoire social » a permis de vaincre les premières réticences (parfois fortes) à la mise en commun d’informations. Mais aujourd’hui, il n’est pas encore évident de permettre à une structure de donner au public, via internet, accès à des informations « appartenant » à une autre. La mise en perspective des informations sur un quartier présentées aux élus, aux acteurs de la politique de la ville est riche d’enseignement. Il reste à apprendre l’appropriation, la diffusion de ces connaissances par les acteurs du quartier au service d’une implication des habitants et de leurs associations.

 Cet exemple nous encourage à continuer, mais nous apprend aussi que le temps d’évolution des organisations est plus long que celui de la mise à disposition des outils.

4.3 Vers un portail éducatif ?

Un autre axe est à l’état d’ébauche, celui de portail éducatif qui, par intranet et extranet, réunirait les communautés éducatives des écoles et collèges.  L’exemple du site des écoles brestoises a démontré l’effet d’entraînement d’un site commun qui rend visible les travaux des autres écoles : les ¾ des écoles ont développé un site, les pages d’accueils reçoivent 5 à 700 visites par jour (dont une grande partie vient des écoles elles-mêmes). Trois ans après les premiers pas sur internet, les projets coopératifs se mettent en place [20].

Nous assistons aujourd’hui à un développement rapide des produits d’éducation à distance, l’« e-learning ». Préparer le bac à distance, échanger des « tuyaux » avec d’autres collégiens sera facile à celles et ceux qui ont accès à internet à domicile et sont épaulés par un usage ou un soutien familial. L’accès permanent et le haut débit onéreux, les services éducatifs marchands vont accroître des inégalités sociales déjà fortes.

Au delà de l’équipement des établissements, de l’alphabétisation de tous les enfants à la lecture et l ‘écriture multimédia, un autre enjeu se fait jour : celui d’un accès équitable aux nouveaux outils d’apprentissage.  Il est aujourd’hui important d’imaginer une appropriation de tous ces outils de tutorat, de co-apprentisage, de mise en réseau de travaux dans le cadre du  service public de l’éducation. Dans une organisation du système éducatif français lourde à mettre en mouvement, les collectivités locales peuvent être un ferment de cette appropriation et de l’innovation.

Cette notion de communauté éducative de quartier utilisant les outils de l’internet va être expérimentée par le collège de Kéranroux dans le projet « Réseau d’animation Scolaire par Internet». Le « Rasi » réunit autour d’un projet éducatif les acteurs du quartier : l’équipe de direction, des enseignants, des parents [21], des personnes ressources et structures relais du quartier et une entreprise multimédia , Atlantide parrain du collège depuis 3 ans (le site est en intranet et donc sans URL publique).

Le projet initié il y a deux ans ouvre effectivement au printemps et c’est un nouvel apprentissage qui débute pour la cinquantaine de personnes inscrites dans cette communauté éducative. Au delà des lieux d’accès publics, nous n’avons pas encore trouvé de solution à l’accès des familles logées en habitat social et dont le revenu ne permet pas facilement un équipement. A l’image du projet de Moulins habitat, l’idée d’un accès via le réseau câblé et d’un équipement en web-TV est une piste à travailler avec l’OPAC HLM, les habitants, la ville et les  associations. Mais il faut être réaliste, il y a encore un sacré chemin à faire entre le projet du collège et une mobilisation des habitants. Les difficultés sont plus dans la mise en place d’un projet éducatif local partagé que dans l’usage des technologies.

4.4 Portail associatif, expression et débat public, des chantiers à ouvrir

Pour terminer la présentation des axes à développer, il faut citer trois autres chantiers à explorer dans l’usage des  outils du multimédia.

Brest comme d’autres villes fait évoluer son site Web d’un site d’information vers un site de services : consultation des ouvrages disponibles, agenda des manifestations locales, formulaires à imprimer disponibles en ligne en sont les premières réalisations. La presse quotidienne régionale, très présente sur internet en Bretagne, [22] met en ligne l’information locale, renseigne sur nombre de services de proximité et adapte ses petites annonces au web. Il manque un chaînon celui d’un portail associatif. Dans les villes et les territoires, les associations sont un élément fort de la cohésion sociale, du bien vivre ensemble. Au delà de la présence de quelques associations (à Brest environ 120 sur 1400 aujourd’hui) il reste à inventer les usages associatifs de ces outils. Localement l’association Infini [23], qui a évolué de fournisseur d’accès vers un service d’hébergement et de soutien aux associations travaille dans ce sens. Peu de travail a encore été fait sur les outils : cartographie, espaces de travail coopératif conviviaux, les méthodologies, la diffusion d’expérience d’appropriation et de développement local. Cette réflexion n’est encore une fois pas que technique, les associations évoluent, beaucoup de celles qui se créent aujourd’hui sont des regroupements d’intérêts très ciblés, à coté de la forme associative, les réseaux permettent des associations de fait qui sont aussi parfois creuset d’initiatives.

 Second thème à explorer celui de l’expression. Un des apports majeurs du web par rapport aux outils informatique et télecom d’hier est son caractère réparti. Chacun peut, en théorie, écrire, publier, sur la toile. Mais l’évolution de l’économie des technologies de l’information s’accompagne de concentrations, de la domination d’intérêts marchands qui privilégient la diffusion, la consommation assymétrique. Les modes de fonctionnement des moteurs de recherche, l’organisation des tuyaux support des flux d’informations traduisent ce mouvement mais ne sont pas contrebalancés par un soutien public à l’expression. Apprendre largement à utiliser les modes d’expression (texte, son, photo, image, création graphique, ..) du numérique est aussi un enjeu. Au delà de l’expression francophone dans un web anglo-saxon quelle est la place donnée aujourd’hui à l’expression des exclus du travail ou du logement ? aux personnes agées ? aux personnes victimes de handicap ? Comme le faisait remarquer Bruno Masurel d’ATD Quart Monde au sein du réseau Créatif [24]

« …il faut associer les populations défavorisées comme de véritables acteurs. Cela va loin, car cela veut dire qu'internet devienne aussi un espace de communication où l'expérience des plus pauvres est présente, où ces derniers peuvent s'exprimer… Nous sommes pourtant très minoritaires, dans le cyber-monde, à vouloir vraiment que cet outil ne soit pas accaparé exclusivement par ceux qui y voient un moyen d'enrichissement de ceux qui font déjà partie des privilégiés, mais serve aussi à faire que les hommes des différentes cultures puissent se rencontrer, s'estimer et agir sur le monde pour le rendre plus humain. »

 Troisième question importante ouverte celle du débat public de la participation des habitants en relation avec les outils de l’internet. Il ne s’agit pas ici de s’illusionner sur une « démocratie » électronique : les forums s’adressent aujourd’hui à des populations très limitées et typées socialement, les consultations en ligne posent la question du débat immédiat. Par contre la mise en ligne d’information peut servir de support à une information hier difficilement accessible pour les projets d’aménagement, la connaissance du territoire, l’orientation de la décision publique. Les forums peuvent être le lieu de débats, de propositions élaborées [25] dans une confrontation publique, d’initiatives coopératives. Des réalisations comme radiophare-Erika en ont montré l’intérêt lors de la dernière marée noire, et ont donné naissance à un projet d’information coopérative citoyenne [26].   Il ne faut pas perdre de vue que le développement de l’internet, interconnexion de réseaux locaux reste profondément lié à une pratique coopérative d’échange, de confrontation. Les recommandations techniques publiques ont mis fin au règne des réseaux propriétaires d’IBM ou de DEC, les standards ouverts l’ont emporté sur des normes portées par les industriels et les opérateurs, les logiciels libre sont le seul concurrent à l’économie monopolistique des logiciels propriétaires. Les réseaux au croisement du local et du global peuvent jouer un rôle dans l’évolution de nos démocraties. Encore faut-il ouvrir un espace d’expérimentation, d’innovation et accompagner les initiatives comme l’état et les collectivités aident la recherche et la création.

5 Du local au global

Les développements des usages relient étroitement ces deux échelles. Elles sont ancrées sur un territoire  parce qu’elles mettent en mouvement des femmes et des hommes acteurs locaux. L’innovation ne se décrète pas, elle s’appuie sur des personnes volontaires, sur un accompagnement que la collectivité locale au plus près des initiatives peut plus facilement que l’état accompagner. Le territoire est aussi propice à une mise en réseau dans l’éducation, le service public, les associations ou les entreprises.

Agir localement ne veut pas dire être isolé, au contraire, les réseaux sont des lieux d’interconnexion, de  rencontres qui n’ont rien de virtuel et qui accélèrent la diffusion des expériences, qui favorisent l’élaboration de propositions.

Les papi Brestois sont une solution parmi d’autres pour l’accès public de proximité, tout comme les espaces multimédia du Limousin, les cybercommunes de Bretagne ou le cyberbus du briançonnais. Et ces réalisations se mettent en réseau au sein de l’association Créatif, participent aux rencontres d’Hourtin, d’Autrans, d’Amiens, de Nice.

Association des villes câblées et du multimédia [27], Observatoire des télécom-munications dans la ville, villes internet, Vecam [28], OUI, Fondation de France, Association des internautes territoriaux , Illico [29], Apronet, Internet Créatif, coopératif et Citoyen [30], rencontre des grandes villes de l’Ouest, conférence des villes de Bretagne, liste de diffusion des espaces publics multimédia [31], Brest et ses acteurs participent à de multiples lieux d’échanges et de débat qui sont, bien plus que les outils, la richesse de l’internet.

Pour autant l’action globale de l’état reste indispensable parce qu’il faut ménager une équité entre les territoires, donner des moyens pour soutenir l’innovation, organiser l’observation et l’évaluation, mutualiser la création d’outils adaptés aux besoins, former les décideurs locaux, engager les administrations dans une rénovation du service aux habitants… Mais c’est un nouveau rôle d’un état plus participatif, plus animateur que contrôleur, plus transparent qui reste à inventer.

Les technologies ne sont pas une fin en soi, elles ne portent ni un avenir radieux, ni le pire des mondes. Beaucoup dépendra de la manière dont la société et les citoyens choisiront de les mettre en œuvre. L'action locale a le mérite de transformer la réalité au plus près des habitants. Elle est indispensable pour lutter contre de nouvelles exclusions, favoriser une appropriation sociale. Mais l'enjeu est beaucoup plus global. Les réseaux sont un outil formidable d'échange, de mutualisation. A côté de la régulation par le haut, du lent travail de fond des associations et syndicats, les réseaux citoyens contribuent aujourd'hui à porter des projets, à produire des connaissances.



[1] Le jury « ville internet » qui organise chaque année une labellisation de villes sous l’angle de la diffusion des NTIC dans la ville  http://www.villes-internet.net/ n'a accordé sur des critères proches de ceux cités ci-dessus aucun "cinq @" et seules 4 villes ont été citées avec "quatre @".

[2] Site de l’Observatoire des Télécommunications dans la Ville  http://www.telecomville.org/

[3] Le réseau métropolitain, capillarité d’accès sur Brest et la CUB du réseau régional de de même que le dossier intranet de la ville et de la CUB, ne sont pas traités dans cet article  pour se consacrer sur les volets "citoyenneté".

[4] Une démarche d'innovation, de diffusion et de généralisation a été développée dans les 36 écoles primaires équipées de 1,5 micros par classe, reliées en réseau local (28 écoles) et à internet (les 36) ; 27 écoles et 3 collèges ont développé un site accessible par une page commune  http://www-brestecoles.enst-bretagne.fr/

[5] Les 36 points d'accès publics à Internet sont à la disposition des personnes qui n'ont pas la possibilité d'accéder au réseau à partir de chez eux ou de leur travail ; la carte des papi : http://www.mairie-brest.fr/cnt/images/papi_a3.pdf. Les modalités pratiques de fonctionnement des PAPI sont décrites dans un guide des P.A.P.I. http://www.mairie-brest.fr/cnt/papi.htm .

[6] Le forum des associations sur le net : http://www.mairie-brest.fr/cnt/actualite/forum_assos_2000.htm

[7] Le répertoire dans la rubrique trait d’union du site de la ville http://www.mairie-brest.fr/   donne la liste par thème des associations brestoises ayant développé un site web : http://www.mairie-brest.fr/trait-union/web_associations.htm

[8] Le soutien à l’organisation des acteurs locaux, leur accompagnement, s’appuie sur un groupe de travail municipal : “ Citoyenneté et Nouvelles Technologies ” constitué en 1996. Un site Web sert de lien et de support à l’information et aux initiatives du groupe de travail (200 inscrits). http://www.mairie-brest.fr/cnt

[9] La Fête de l’Internet fédère de nombreuses initiatives en 2000 : 50 initiatives, 4000 visiteurs. Le détail des manifestations est en ligne à l’adresse  : http://www.mairie-brest.fr/cnt/actualite/fete_internet_2000.htm

[10]  La page des webtrotteurs http://www.webtrotteurs.com/ initiative de l’association initial de Marseille.
la Z’maine des cultures urbaines, raptitudes http://www.lefourneau.com/raptitudes/raptitudes.htm 
2000 Bonjours pour Brest 2000 http://www.lefourneau.com/2000bonjours/index.htm            
le festival du film court http://www.film-festival.brest.com/affiche.htm

[11] l’Espace Culture Multimédia du Fourneau, portail pour les arts de la rue : http://www.lefourneau.com

[12] Le collège de Kéranroux, http://www-brestecoles.enst-bretagne.fr/keranroux/ situé en ZEP a été le pionnier du développement des usages éducatifs sur Brest. Cinq ans après les premiers pas initié par l’équipe de la SEGPA, il porte aujourd’hui un projet de communauté éducative.

[13] Le site de l’Ecole Nationale Supérieure des télécommunications de bretagne, support des sites éducatifs brestois : http://www.enst-bretagne.fr

[14] Les modalités de l’appel à projet Brestois  http://www.mairie-brest.fr/cnt/appel_projets/appels_projets.htm et l’appel à projet de la Fondation de France : http://www.fdf.org/fr/actions/index2.htm

[15] Le site de l’observatoire des usages de l’internet : http://www.oui.net/

[16] Un dossier de l'OTV retrace la pratique de la Ville de Brest dans le n° 3 de novembre - décembre 1999, de "La Lettre de telecomville.org " http://www.telecomville.org/obs/inf710.html

[17] Le site de la ville qui reçoit environ 600 visiteurs par jour : http://www.mairie-brest.fr

[18] Une forte appropriation dans le réseau des bibliothèques de quartier qui constituent 10 des 36 "papi" (points d'accès publics internet) de Brest.  http://www.mairie-brest.fr/biblio

[19] http://www.mairie-strasbourg.fr/cybercentre/

[20] Pour exemple les projets éducatifs actuellement en cours :             
Itinéraires au pays de Brest
http://www-brestecoles.enst-bretagne.fr/itineraires/   
Jardins d'enfants http://jardinsdenfants.free.fr/ est une animation concernant 350 enfants de fin d'école primaire de Brest et de ses 10 villes jumelles réparties entre des régions du monde aux écosystèmes très différents.          
Fiches de lecture
 : ce site http://site.voila.fr/lecturesuivie/index.html  est un travail coopératif d'enseignants.  Son but est de faciliter le travail de tous ceux qui, comme nous, ont envie de proposer à leurs élèves des fiches de lecture suivie, et qui n'ont pas le temps d'en construire de nouvelles tous les ans. 

[21] Voir le site de l’association de parents d’élèves : http://fcpe.keranroux.free.fr/ 

[22] Le Télégramme  http://www.bretagne-online.com/telegram/index.html, http://www.vivabrest.com       
Ouest France http://www.brest.maville.com/

[23] Le site de l’association infini : http://www.infini.fr/ et les références des associations hébergées.

[24] Créatif http://www.mairie-brest.fr/cnt/creatif.htm  est le collectif des réseaux d’accès aux technologies de l’information en France. Constitué par une dizaine d’animateurs de dispositifs d’accès publics à la suite des rencontres d’Autrans 2000, http://www.isoc.asso.fr/AUTRANS2000/ il s’est constitué un an plus tard en association loi 1901 et met en réseau une vingtaine de correspondants locaux et régionaux.

[25] Voir par exemple le site de débat municipal lancé par Olivier Zablocki http://www.re-publique.net/

[26] Le site de radio phare : http://www.radiophare.net/index.html ,     
 La Fondation Internet & Territoires soutient le développement de réseaux civils locaux étendus http://www.radiophare.net/4/index.html

[27] AVICAM : http://www.avicam.org/

[28] http://www.vecam.org/

[29] http://www.illico.org

[30] Collectif en cours de constitution pour ouvrir un espace de mutualisation des pratiques et des réflexions, qui permettent de mieux les diffuser, d'être plus ambitieux dans les démarches, et d'apprendre ensemble autour des valeurs de créativité, de coopération, de citoyenneté et partenaire de réseaux citoyens tels que EACN http://www.eacn.org/ ou de la rencontre Global 2000 de Barcelone : http://www.cnglobal2000.org/

[31] Une liste de discussion dédiée aux responsables des espaces publics multimedia. 
http://www.egroups.fr/group/espaces-publiques-multimedia