Résumé
La prolifération de la technologie électronique
suscite une diffusion de sa fonction de surveillance sur un plan de socialités
de plus en plus expérimentées dans l’espace virtuel. L’individu se charge dans
ce contexte, du rôle déterminant dans la perpétuation d’un processus de
contrôle social, alors que celui-ci devient graduellement insaisissable, voire
invisible. Un manque de pertinence caractérise la motivation existentielle de
l’individu contemporain, qui le conduit finalement à adopter un pur pragmatisme
dans son action et en ses rapports avec l’autrui. Les communautés virtuelles
semblent présenter un milieu, par
excellence, qui approfondit la flexibilité éthique à travers une expérience
frivole, et qui, en même temps, incorporent la surveillance en cette dispersion
du social. En effet, l’expérience virtuelle introduit une dualité constante à
travers les échanges entre individus convertis en usagers :
L’indissociable polarité du surveillant et du surveillé. L’aveu et l’ironie
demeurent, dans ces conditions, des stratégies identitaires dans lesquelles les
individus se socialisent. Ce phénomène a été observé dans l’exemple de deux
sites Internet en Turquie.
Abstract
The proliferation of new technologies gives
rise to a diffusion of the function of surveillance on a context of socialities
realized in virtual environments. As a consequence of a postindustrial
socialization, a new kind of personality has been spread out, while
interiorizing the double-faced process of surveillance in her/his virtual
experience: Exhibition and surveillance in the same time. This article focuses
on this contemporary dilemma, through the example of two Internet sites that
emphasize avowal and irony as two appearances of the basic duality of
surveillance.
L’usage accroissant des produits de la haute technologie, plus particulièrement, ceux en rapport avec la communication à l’échelle individuelle retraduisent aujourd’hui, l’expérience sociale en termes d’une référence constante au virtuel. L’étalonnage de l’action sociale est graduellement effectué par une expérience virtuelle qui consiste à former un ensemble de stratégies identitaires où aucun repère fixé ne puisse persister. L’instantanéité, la précarité et l’incertitude caractérisent cette nouvelle configuration du social (Morin, 1962 :1991, p.224), dans laquelle se propage une perte générale de cadre normatif, qui s’aboutit à une surexcitation des désirs individuels, d’où une flexibilité éthique privilégiant les sorts personnels face à ceux de l’autrui. Le raffinement technologique qui permet de gérer de plus en plus de détails s’articule justement à cette désorientation éthique, pour procurer à l’individu une série de fonctions de surveillance à double tranchant : L’individu est à la fois surveillant et surveillé. Cette complémentarité structurelle de la surveillance se manifeste dans le monde techno-scientifique actuel, non pas comme un processus de coercition mais plutôt celui de l’intériorisation qui se simule en forme d’un jeu attrayant. Les fonctions de surveillance diffuses dans la logique du système sont ainsi de plus en plus déguisées en même temps qu’elles sont appréhendées par leurs utilisateurs comme sources de pouvoir, générateurs d’identités et lieux d’un égocentrisme stimulé par une dégradation générale de la production.
La période qui s’étend de
la deuxième guerre mondiale à nos jours, fut la scène d’une transformation
profonde du capitalisme qui réduisit une large partie de ses fonctions
industrielles en les remplaçant par celles en services. Réduite à un ensemble
d’interminables transactions virtuelles, l’économie se résume actuellement en
une circulation accélérée des signes qui ne se réfèrent qu’à leur propre
auto-légitimation par voie d’une esthétisation
de la vie quotidienne. (Featherstone, 1996, p. 270) Tiraillée entre les
conditions de compétition ardue, d’où une variation inévitable en pleine
multiplication de produits, et l’éloignement graduel des instances de
production réelle, l’activité économique fut conceptualisée comme une
initiative irrationnellement entreprenante afin de ne plus veiller à la
caractéristique autorégulatrice du marché, mais plutôt de renforcer la
légitimité d’un endettement constant à toutes les échelles.(Haesler, 1995, p.
92)
Une extrême fluidité des
acteurs et instruments économiques est assurée par le progrès galopant en
technologies de la communication et de transportation, accompagnée de la force
déterminante du savoir scientifique théorique. (Rose, 1992, p. 29) Une telle
reconstruction des conditions du travail les rend naturellement non seulement
rare et difficile à maintenir, mais aussi extrêmement individualisé, autrement
dit, dénudé de ses connotations idéologiques, et déconnecté ainsi de ses liens
de classe sociale. Il ne serait pas surprenant que le type d’individu socialisé
dans de telles circonstances socioéconomiques abrite en soi à la fois une
anxiété interne perpétuelle envers les contextes de significations et un
égocentrisme propagé d’un nihilisme latent, qui traduit les tensions
systémiques de l’ère postindustrielle en une expérience sociale flottante, sans
se référant pourtant à une rupture totale avec le social.(Lipovetsky, 1987,
328)
L’imperméabilité aux
desseins de l’autrui, dissolution de toute espèce de principe, relâchement
global de l’autodiscipline accompagné d’une dégradation de l’estime de soi
s’inscrivent à l’esprit postindustriel non comme des vices mais comme des
vertus. Ceci étant dit, la vie sociale se montre aujourd’hui, comme une somme
de socialités fragmentées parmi lesquelles l’unique individu se construit une
conception du monde dont il constitue, par excellence, le centre de gravité. Ce
qui explique la dualité récurrente des personnalités postindustrielles entre
l’hédonisme proliféré et la soumission aux nouvelles formes intériorisées du
marché de la main d’œuvre (Lipovetsky, 1992, p. 179), qui applique d’autant
plus de méthodes offensives tant que la personnalité ainsi assujettie s’en
réjouisse, par manque de critère d’orientation idéologique dans le processus de
production.
La perdition générale des
appartenances relativement plus stables et enracinées dans le politique, évoque
le jaillissement des stratégies identitaires, qui visent à bricoler divers
fragments discursifs ainsi que les suppléments visuels qui leur sont attachés,
afin d’en infiltrer des images du soi, ou « façades » comme dirait
Goffman. L’identité devient ainsi une apparence du soi fortement stimulé en ses
insatisfactions, plutôt que de dénoter une pertinence de caractère et de statut
social. La technologie électronique contribue intensément aux échanges des
identités, à la construction d’une infinitude de combinaisons de celles-ci, et
finalement la conversion de la quête d’identité en une stratégie bien établie,
qui s’articule à la dissolution de personnalité dans les conditions ambiguës du
capitalisme contemporain. Ainsi surgit un plan d’échanges entre les stratégies
identitaires, et l’expérience sociale se réduit à un jeu fascinant qui consiste
à remodeler constamment des fragments d’identité dans une manière
kaléidoscopique. Cela devient davantage possible lorsque cet éclectisme se
profite du caractère éphémère de la réalité virtuelle, localisée spécifiquement
dans les socialités à travers l’exploration, l’interaction ou le
communautarisme informatique.
La nouvelle expérience
sociale se manifeste à travers un positionnement tangent aux phénomènes du
monde, et à la conception de réalité qui s’en dérive : Elle est à la fois dans et en dehors de la réalité sociale, puisque d’un côté, elle est
conditionnée par un fort désir d’engagement pour des guises souvent
pragmatiques au point de voûter la personnalité à l’extrême sans hésitation,
conformément à une logique sociale composée des liens financiers (Mills, 1970,
p. 220), et de l’autre, elle s’efforce à éviter tout transfert éventuel de
responsabilité en rapport avec l’autrui. Il est donc naturel qu’un tel esprit
adopte un trajet de vie continûment flottant, afin de garder la distance
optimale avec les sources probables de devoirs qui exigent une certaine
pertinence des valeurs, et en revanche, afin d’y trouver le meilleur profit
possible. Pourtant, malgré la pesanteur indéniable du pragmatisme dominant qui
s’impose à la psyché postindustrielle, les repères téléologiques de l’individu
se désorientent face à la dissociation de la production comme métaphore de
l’être et de son remplacement par les modalités de consommation, qui s’ouvre
soit à une nostalgie préconçue (Robertson, 1991, p. 55), soit une évaporation
du sens. Comme les biens matériels, les idées ou toute sorte de produits intellectuels
sont digérées aisément et avec une précipitation excitée, d’où l’essence
critique de l’action s’évapore afin de laisser une lacune de sens qui sera
comblée par le maniement rhétorique ou gestuel. L’ironie, fréquemment dévidée
de sa capacité critique, joue un rôle crucial dans cette reconstruction de
sens, sans décrire nécessairement une véritable contestation pour ce qu’elle
tend à dissimuler. (Lipovetsky, 1983, p. 157) Elle devient l’instrument préféré
d’une psyché tangente, dont l’instabilité mentale favorise une expérience frivole. Cependant, les
individus intégrés dans un tel plan de socialités sont marqués par
l’ambivalence qui se traduit en une coexistence du dévoilement du cadre
normatif et du manque de substitut pour celui-ci. Qu’il s’agisse d’un effet
illusoire de critique sociale en forme d’ironie ou d’une exhibition de
l’intimité par voie de circulation sans entraves du savoir confidentiel
(secrets, aveux), l’expérience frivole élargit ses propres limites éthiques,
afin de pouvoir s’étendre et ainsi de maximiser son propre sort dans une
perspective entièrement pragmatique. Une telle dissociation du cadre normatif
du social évoque l’avènement de l’individu comme l’axe de sa propre référence
ontologique. Le rapport avec l’autrui ne sera agencé que par voie des
motivations calculées de l’individu. Pourtant ce calcul ne correspond
aucunement à un code de comportement congru, mais plutôt à une mollesse
générale du caractère, puisque celui-ci est désormais façonné non pas selon les
repères d’une certaine vision du monde adoptée, mais selon les circonstances
ondoyantes d’un utilitarisme stimulé. L’ère postindustrielle, par l’appui des
conceptions néo-libérales bouleversa la nécessité de consistance de
personnalité, ce qui rend actuellement superflue ou dysfonctionnelle le maintien d’un contexte pertinent des valeurs.
Au contraire, ce dernier est remplacé par une flexibilité éthique qui accentue la priorité pesante d’une
versatilité psychique qui s’incarne en le trajet social de l’individu. Dans ce
cadre, aucun élément en rapport avec la privauté de l’autrui, avec
l’inviolabilité du confidentiel, avec la quasi-sacralité du privé et du monde
intérieur n’est respecté d’une manière austère. Le milieu virtuel devient, par excellence, le lieu-même de cette dilatation
éthique, puisqu’il offre structurellement, une variété de possibilités pour
déjouer toute tendance stabilisatrice destinée à charger l’individu de
responsabilités en rapport avec l’autrui. De même, le consentement,
l’affectivité, le conflit, la querelle, et pire encore, la relation-même
interpersonnelle se réalisent, à l’heure actuelle, plutôt par la réciprocité de
ce relâchement de moralité. Il ne serait donc même pas erroné de prétendre que
les stratégies identitaires sont animées, en grande partie, par un désir
constant d’échanges, souvent sur le plan virtuel, basés sur une possibilité de
‘vendre la mèche’ en faveur de ses propres sorts en dépit de ceux de l’autrui,
qui pourtant n’hésite pas à lui confier un secret, une confidence, un certain savoir
d’une intimité y compris une faiblesse ou faute commise, puisque le type de
personnalité qui s’assigne au capitalisme contemporain dépend intensément de
ses pairs. (Riesman, 1964, p. 45) Comme toute forme d’expérience virtuelle
offre un meilleur déguisement de la perplexité identitaire, l’individu serait
beaucoup mieux placé dans l’espace informatique pour perpétuer l’équilibre
d’égocentrismes, qui en fait, sert à mettre au point un appareil de
surveillance électronique. Ce dernier est alimenté, à nos jours, justement par
la flexibilité éthique de l’individu, réduit en usager/consommateur, mais
certainement varié en ses consommations (Robertson, 1997, p. 29), dont
l’existence sociale s’inscrit sur la complémentarité indissociable des
positions de surveillant et surveillé.
Le progrès informatique qui a marqué l’époque
postindustrielle acquiert, à l’heure actuelle, une force déterminante de plus
en plus indubitable sur la vie sociale. Certes, les innovations les plus
prometteuses sont celles qui se découlent des usages individuels, car c’est à
travers eux que la fonction la plus centrale du capitalisme s’étend dans
l’espace social : La surveillance. La société actuelle dont les modes de
production s’associent de moins en moins aux fonctions centralisatrices du
capitalisme en mutation, qui marchandise d’autant plus les relations
inter-humaines (Menzies, 1998, p. 92),
se montre comme celle qui déconcentre les attributs du pouvoir, non pas
pour le dissoudre, comme beaucoup ont tendance à croire, mais pour le renforcer
tout en le rendant transparent à point qu’il soit perçu totalement invisible.
L’ère postindustrielle fut la scène de la miniaturisation extrême de la
technologie électronique, ce qui facilita la pénétration de la surveillance aux
usages individuels. Donc, d’une part les possibilités techniques en
informatique s’infiltrent graduellement aux détails de la vie sociale, et de
l’autre, cette expansion fonctionne d’une manière à disperser les instruments
de la surveillance dans l’ensemble de l’espace social. Ainsi, la surveillance,
propriété indépassable du capitalisme, s’atomise à travers une multiplicité
d’usages et d’usagers, tout en dissociant ses discours centralisateurs
antérieurs en un décor carnavalesque et en une rhétorique libérale, qui
convertissent l’acte de communication en un jeu attirant pour ses participants.
En se déplaçant d’un mode d’organisation centralisateur/industriel vers un mode
décentralisateur/postindustriel, le capitalisme modifie les circonstances
existentielles du type d’individu qui lui est inséré, en le munissant d’une
force illusoire sur sa propre destinée, alors que celle-ci se dégrade, aussitôt
qu’elle aurait été acquise, en un rôle bivalent de surveillant/surveillé,
adopté et joué volontairement par
l’individu. Bien que toutes les formes de l’expérience virtuelle permettent de
procurer une variété de satisfactions, celles qui excitent le plus la dualité
inhérente de l’individu contemporain semblent les relations communautaires dans
le cyberespace. Les communautés virtuelles, se manifestant sous différentes
apparences, assurant le besoin à la fois de socialité,
indépassable malgré toute tendance isolatrice, et de falsification qui est d’échanges des stratégies identitaires.
Il est possible de prétendre que les membres des
communautés virtuelles ont la plupart du temps des intérêts, aspirations ou
besoins similaires, donc ils éprouvent plus ou moins le sentiment d’être
membres d’un certain groupe et ils s’identifient ainsi avec les autres usagers.
Les sites Internet agissent également, surtout grâce à leurs fonctions de
message et courrier électroniques, comme un milieu de socialisation, d’où se dégage un certain sentiment de solidarité,
brisant les différences traditionnelles (Graham, 2001, p. 145), bien que
celui-ci soit structurellement mutilé d’une précarité et d’une incertitude.
Pourtant, le véritable effet des communautés virtuelles réside dans la force
dont elles disposent pour canaliser la dualité de surveillance en un plan de
socialité. Cette surveillance se repose sur une légitimité de la tendance à la
divulgation. Les usagers exhibent ou divulguent
leurs idées sur un sujet donné, ainsi qu’ils n’hésitent pas à partager
leurs secrets les plus intimes dans une agora virtuelle. Autrement dit, la
surveillance surgit comme une transparence absolue, totalement détachée de ses
caractéristiques coercitives, mais diffuse à ses destinataires, en les rendant
contrôleurs feints. En contrepartie, les usagers intériorisent la logique d’une
surveillance atomisée par une forte auto-conviction qu’elle n’existe plus,
voire, qu’elle n’existe qu’en eux et non pas chez l’autrui. L’unique usager se
réjouit donc de la possession d’un
contrôle absolu du système, en oscillant entre les deux extrémités ou en
unissant en lui-même les deux faces opposées de la surveillance :
L’exhibition et le voyeurisme. En effet, ces deux pôles de la surveillance
atomisée correspondent aux deux modalités complémentaires de la flexibilité
éthique, incluant une tolérance pour la fragmentation (Sennett, 1998, p. 62),
qui sont l’hyper égoïsme et la sur-intimité. Le premier étant une conséquence
d’un réarrangement du centre de l’action sociale en l’unité individuelle,
tandis que le deuxième se montre comme à la fois un comportement réactionnaire
envers la surcharge de tension engendrée par le premier, et un mécanisme de
compensation du manque de relation affective physique qui se dégénère en une
intimité accentuée, exposée et mise en circulation. L’individu contemporain semble
donc marqué par cette ambivalence profonde, dont les prolongements dans
l’expérience virtuelle se cristallisent en la dualité de surveillant/surveillé,
qui le conduit à s’intégrer, avec une volonté enthousiasmée, au processus de
surveillance atomisée.
Cependant, le réseau des relations communautaires
virtuelles est loin d’être intégralement libertaire, sinon démocratique. Pour
des soucis de popularité ou de qualité, ces sites Internet ont une
forme déterminée et ils tendent à adopter certaines règles générales qui dérèglent les usagers. Au moins dans le cadre de
notre étude empirique, il est remarquable que les définitions ou les aveux
rédigés par les usagers soient soumis à un contrôle strict, ainsi qu’ils sont
corrigés et parfois annulés par un ou plusieurs modérateurs. Nous constatons
également que les usagers se soumettent à ces codes volontairement, et les
imposent aux autres participants. Quant au langage commun, elle est une partie
de la forme générale et elle est utilisée par la majorité des usagers. Ce
langage peut être créé par les modérateurs du site ou les usagers les plus
connus et les plus populaires. Ceci étant dit, une fois fondée, une telle
communauté virtuelle développe des tendances hiérarchiques similaires à la vie
réelle, alors que son propos prétendu demeure la quête d’une liberté
d’expression non-encadrée. Toutefois, cette structure répressive parfaitement
déguisée des communautés virtuelles semble intériorisée par une grande majorité
des membres, qui, en contrepartie, la reproduisent et la transposent en leur
propre action individuelle sous forme d’une cyber-intimité
tantôt hautaine, satirique ou agressive, tantôt réconciliant, malléable ou
émotionnelle. Toujours chargée des dérivations de l’ambivalence fondamentale du
soi virtualisé, la cyber-intimité consiste à maintenir et d’encourager une
matrice de surveillance continue à travers les équilibres d’indiscrétions, de
transgressions du privé, de l’affichage de l’intime, de la violation réciproque
de la confidence, de la sur-exhibition du soi, qui, dès qu’ils accèdent l’agora
virtuelle, deviennent immédiatement des déséquilibres se déjouant à chaque
instant de l’expérience virtuelle. Autrement dit, la cyber-intimité fonctionne,
avant tout, comme un instrument de socialité qui s’appuie sur le manque
conjoncturel de consistance et de confiance, comme une société négativement
dynamisée. Également, la cyber-intimité contribue à l’institutionnalisation du
processus de surveillance par la fragmentation de celle-ci, au point de ne plus
être distinguée comme un système total, mais plutôt comme un privilège de
contrôle, dont les enjeux semblent illusoirement être administrés par l’unique
individu situé dans un rôle plus ou moins divin. La caractéristique sociale
d’une expérience virtuelle loge ainsi son propre impossibilité, néanmoins, dans
l’échange de socialités compartimentées qui sont dominées par la dimension
« je » du soi, autrement dit, par l’aspect égocentrique de la psyché
humaine. Puisque aucun signe d’intégrité ne peut y survivre, les fonctions de
surveillance ne sont plus perçues comme étant systémiques (aucune impression de
système), mais plutôt comme les
apparences de la potence fictive réduite à l’échelle de l’individu. Ce
phénomène a été observé empiriquement sur deux pistes dont la structure,
l’organisation, l’accessibilité et l’objectif diffère nettement l’une de
l’autre, mais qui, finalement rejoignent la même ambivalence du soi et la même
dualité de surveillance que nous venons de décrire. L’un de ces sites Internet
(l’itiraf.com) est destiné à recueillir les aveux et les rendre accessibles,
tandis que l’autre se montre plus fermé est tend ironiser la vie quotidienne
(l’eksisozluk – le lexique aigre). Le choix des ces deux sites ne furent
aucunement aléatoire, car c’est à partir d’eux qu’une variété de sites
semblables se jaillirent. L’itiraf.com et l’eksisozluk demeurent donc deux
sources initiales qui ont suggéré une série d’imitations. Bien que ces deux
exemples semblent correspondre à deux pôles conceptuels de notre problématique,
ils se présentent en fait beaucoup plus comme des entités dialectiquement
corrélées que comme des types idéaux. Autrement dit, l’exhibition et le
voyeurisme existent mutuellement dans les deux sites à de différentes doses et
formes.
L’analyse suivante est le résultat d’une
observation systématique entre mai 2002 et mai 2003, et des mises à jour
jusqu’aujourd’hui. Les observations détaillées qui s'étendent sur une année
entière sont également soutenues par des entretiens avec certains
usagers/membres, aussi bien que les fondateurs et/ou gérants de ces sites.
L’itiraf.com est crée par Ersan Özer en 1999, un scénariste dans les médias, pour le but de créer un site innovant et populaire. Selon Özer, un site Internet qui inclurait des histoires de la vie privée des individus ordinaires pourrait attirer l’attention d’un grand public. En effet, c’est ce qui s’est passé dès le premier mois de l’inauguration du site. Trois mois après, le site fut acheté par une entreprise qui possède d’autres canaux virtuels de nature commerciale. Ersan Özer garda sa place d’éditeur avec ses 30% des droits du site. Bien que l’évolution du site ait incité un déplacement relatif du concept d’aveu vers des histoires drôles, le thème principal demeure le même qu’au départ, « l’école de la vie ». Ce site accepte les membres qui veulent confesser sous des pseudonymes (nicknames ou nicks simplement), et deux éditeurs choissent les meilleurs 20 aveux chaque jour pour la page principale. Le site contient actuellement, plus de 60.000 aveux dans son archive. Les membres n’ont pas le pouvoir d’effacer leurs aveux ou bien de les modifier comme il s’agit au sein de l’eksisozluk. Le site est visité par plus de 70.000 visiteurs par jour et 400.000 par mois. Ce nombre correspond à un tiers des utilisateurs d’Internet en Turquie, ce qui est significatif et représentatif du point de vue quantitatif aussi bien que qualitatif. Certes, l’objectif du site est commercial. Les choix d’aveux à afficher sont donc motivés par des guises commerciales, donc séduisantes. Les individus, à l’intermédiaire des aveux, trouvent un moyen pour s’exprimer et se socialiser, car chaque membre du site est au courant qu’ils sont surveillés par plus de 70.000 personnes chaque jour.
4.1.1. L’appartenance et l’identification
Malgré les diversités, la
majorité des membres semble se ranger dans la tranche du 24-35 ans, et ils sont
d’origine en général de classe moyenne. Ces membres s’identifient d’habitude
avec leurs problèmes dont ils exposent. Dans le site, nous pouvons constater
des aveux sur tout type de sujet, dans une gamme qui s’étend des problèmes
familiaux ou sexuels aux histoires drôles de l’enfance. Parfois, les membres
constituent des alliances ad hoc dans certains débats (e.g. les femmes qui
plaignent de leurs maris ou les hommes de leurs femmes). Au côté
d’appartenance, même si Ersan Özer explique que le sentiment d’appartenance des
membres vient de la popularité et du succès du site, il s’agit d’un autre
aspect sociologique : Dans cette communauté virtuelle, les individus
partagent leurs sentiments les plus intimes et leurs expériences secrètes. Ils
essaient de voir les côtés amusants de leurs histoires honteuses. Dans ce
concept, la communauté virtuelle leur procure la possibilité de participer à un
jeu dans lequel il est possible de tout avouer. C’est ainsi qu’ils
appartiennent à cette société virtuelle plus que la société dans laquelle ils
vivent.
4.1.2. La
socialisation et la surveillance
L’itiraf.com a deux
différentes parties parmi les pages du site, une partie est consacrée seulement
aux aveux et l’autre pour les amoureux platoniques. Dans cette deuxième partie
(« je suis platonique »), les membres s’adressent aux personnes
qu’ils aiment en évitant de ne pas mentionner leurs noms, mais en donnant une
certaine définition d’elles. Chaque membre a la possibilité d’envoyer des
messages aux autres, ce qui assure un
certain milieu communicationnel. Il existe des membres qui deviennent amis ou
associés, ainsi que ceux qui se marient. De plus, le site offre la possibilité
de rédiger des commentaires pour des aveux en circulation. Nous pouvons
constater à partir d’une variété d’exemples, que ce site assure une
socialisation et une communication à travers les aveux, donc basées sur
l’équilibre du dévoilement de l’intime.
Il est possible de parler
de deux types de surveillance au sein de ce site : La surveillance exercée
par les membres, à l’intermédiaire de l’aveu, et la surveillance appliquée par
le site lui-même pour des sorts commerciaux. Ce deuxième type de surveillance
est soutenue par des enquêtes qui incluent des questions sur le revenu mensuel,
les habitudes d’achat, le taux d’utilisation des cartes bancaires dans les
achats sur l’Internet ou le taux d’utilisation des téléphones mobiles des
membres. L’éditeur du site déclare qu’il est nécessaire, pour préserver la
popularité et la qualité du site, de recueillir de l’information sur les
membres et de leurs tendances. Les fonctions de surveillance surgissent une
fois de plus avec des motifs commerciaux. Quant à la surveillance exercée par
les membres, nous observons un type de surveillance horizontale incarnée en une
tendance de divulgation et de voyeurisme. Même si la surveillance sur les
réseaux a généralement une fin commerciale, dans ce type de surveillance exercé
à l’intermédiaire de l’aveu, il est possible de diagnostiquer une socialisation
par la surveillance. Les membres du site partagent leurs problèmes et parfois y
cherchent des solutions. D’une part, les individus sont curieux des tragédies
dont les autres expérimentent, donc gardent leurs axes individualisés, d’autre
part, ces aveux engendrent une certaine solidarité. Mais le côté voyeuriste
pèse plus lourd : Les individus surveillent les drames des autres comme il
en est dans une émission télévisée. Tant que la surveillance est intériorisée
par les individus, elle se légitime et se normalise. Les individus surveillent
les autres comme ils suivent l’ordre du jour ou l’actualité quotidienne. De
même, les aveux ont une tendance à annoncer les problèmes les plus populaires
et les plus fréquents. Ceci est une double contrainte, car plus la surveillance
devient horizontale, grâce au perfectionnement technique, plus elle devient
invisible et insaisissable. (Marcuse, 1970, p. 34-35)
4.1.3. La
forme déterminée et les règles générales
Nous avons déjà expliqué
que le site a deux éditeurs et les membres n’ont pas le droit ni à changer ni à
effacer les aveux qui sont diffusés. Ersan Özer explique que cette structure
est destinée à préserver la forme du site et assurer sa qualité et sa
popularité. La libre circulation virtuelle crée d’autant plus de restrictions
qu’elle en démolisse. (Wolton, 2000, p. 110) Le site a des règles écrites et
déterminées par l’éditeur. La règle
initiale consiste à l’interdire aux jeunes moins de 16 ans. Seulement la partie
« je suis platonique » est conseillé aux jeunes moins de 16 ans, et
ceux-ci ne sont pas diffusés dans le site. Le langage commun est aussi
déterminé en général par l’éditeur du site et il est employé dans différentes
circonstances par les membres. Par exemple, les femmes enceintes sont appelées
comme le jardin magique. Une femme
qui a perdu son bébé avant l’accouchement se décrit, dans son aveu, comme « je ne suis plus un jardin
magique ». Un autre exemple au langage commun est le mot magma, qui sert à encoder une situation
honteuse (« j’était au niveau du magma », « j’ai visité le
magma » etc.).
L’eksisozluk est crée par un jeune ingénieur informatique, Sedat Kapanoğlu (pseudonyme : ssg) et mis en diffusion le 14 février 1999, en forme d’un site de divertissement interactif. Actuellement, il contient presque 60.000 de titres, et 2.350.000 de définitions qui y correspondent (« entry ») avec près de 4800 membres et de 300.000 visiteurs par jour, ainsi que 558 « espions » et 4 modérateurs.
Il est probablement le plus grand document écrit en turc parmi les sites Internet, car il contient toute une série de mots, d’expressions, de situations, de noms propres, de noms de lieu, d’événements sociaux ou artistiques, etc. De plus, il n’existe aucune restriction de langage, ce qui encourage l’addition de titres en d’autres langues comme l’anglais, le français, l’espagnol. Chaque membre peut rédiger une définition ou donner un exemple sur n’importe quel type de sujet, ainsi qu’ils ont le droit à créer des concepts, des expressions accompagnés d’exemples ou de définitions. Avant d’être un membre (les membres sont les auteurs) il existe un mécanisme de tamisage, et les auteurs sont choisis par les modérateurs suite à une observation d’au moins dix entrées du candidat. Mais il y a tellement de demande que le système n’est pas ouvert d’habitude aux nouveaux membres, mais il n’est pas nécessaire d’être un membre pour visiter et lire les pages du site. Il existe également une partie du site réservée aux membres. Les auteurs ont une partie pour écrire leurs entrées au-dessus de la page et des options d’envoi des messages ou la possibilité de changer la couleur de la page, d’avoir un archive de messages et de suivre ceux qui fréquentent le site. L’augmentation du nombre d’auteurs obligea les éditeurs à les faire passer par un système de filtrage, qui n’était point question à la période initiale du site.
4.2.1.
L’appartenance et l’identification
Les membres, sont d’habitude des jeunes entre 18 et 30 ans, de revenu moyen ou supérieur, sachant et pouvant se profiter des innovations technologiques, résidant en général dans des zones urbaines. La majorité des auteurs suit l’actualité souvent par le biais de la télévision, ainsi que les événements artistiques, littéraires ou politiques. La pertinence identitaire est beaucoup plus absente dans le cadre de l’eksisozluk, car il traduit en fait toute une désorientation idéologique d’une série de générations socialisées dans les deux dernières décennies. Le discours dominant du site évoque une critique des aspects coercitifs de la vie quotidienne en Turquie et une revendication générale pour divers types de liberté, sous forme d’une intense ironie et de la raillerie souvent satirique. Il ne serait pas très exagéré de prétendre que le seul aspect unificateur du site est le développement d’un discours commun autour des variations substantiellement dépolitisées, qui procure en fait une identité de non-identité.
4.2.2. La
socialisation et la surveillance
Outre son apparence hétérogène, il est possible de constater aussi une forte tendance de solidarité parmi les membres du site, lorsqu’il s’agit, par exemple des campagnes d’aide sociale, culturelle ou médicale.
Le format du site permet aux membres d’écrire tout ce qu’ils savent, tout ce qu’ils imaginent. La règle est de rédiger une définition ou de donner un exemple sur un sujet déterminé en titres. Il faut certainement préciser à ce point que les titres et les définitions qui leur correspondent ne doivent aucunement être consistants avec la réalité, d’où une confusion arbitraire de l’imaginaire et du réel. En plus, nous avons mentionné que dans les communautés virtuelles la popularité joue un rôle important dans les relations. Dans ce site Internet aussi, nous constatons que les membres surveillent les autres ou la vie privée des auteurs les plus connus en lisant leurs entrées. Cette surveillance est exercée sous la forme d’un divertissement ou d’une rumeur, mais en fait, la majorité des membres surveillent les autres et en plus, ils savent qu’ils sont surveillés par les autres.
4.2.3. La forme déterminée et les règles générales
Comme la plupart des
communautés virtuelles (Lévy, 1997, p. 300), l’eksisozluk a aussi un format
déterminé et des règles générales pour garantir la continuité de celui-ci. La
première règle est qu’aucun auteur ne puisse faire référence à un autre auteur
ou à l’entrée et on ne peut pas discuter sous un gros titre. Dans la page
principale, ces règles sont déclarées sous un principe frappant :
« Ce site n’est pas un forum, ni un lieu de chat. Il est une source sacrée
d’information ».
Il existe un grand nombre
de membres adhéré à l’eksisozluk; ce qui rend impossible, pour les quatre
éditeurs, de contrôler toutes les entrées écrites par les auteurs. Pour
empêcher la corruption et la dégradation du format, certains membres sont
devenus des espions. Ces derniers contrôlent les entrées et ils informent les
modérateurs. Les entrées qui sont considérés d’être fallacieuses ou en dehors
du format du site sont effacées et même, il arrive que les auteurs qui
insistent à rédiger des définitions ou titres fallacieux soient rejetés du
site. En plus il est strictement interdit d’insulter à un autre auteur. Il est
assez ironique d’avoir recueilli le propos de l’éditeur principal sur le fait
que la méthode de contrôle effectué actuellement dans le site est le « fascisme ». Une autre
caractéristique remarquable du site est observée au niveau de son langage
spécifique, créé souvent par des membres connus ou des modérateurs. En général,
une expression drôle devienne populaire parmi les membres, et il est employé
par une grande majorité. Ce sont, dans la presque totalité des cas, des jeux de
mots, des déformations intra-linguistiques ou des hybridations
inter-linguistiques, dont la guise finale est d’accentuer le ton ironique
envers les entrées illogiques, absurdes, inconsistantes, mais aussi
intrinsèquement en contradiction avec le langage et le contexte idéologique des
caractéristiques de la classe sociale dominante.
Bien que les exemples de
l’itiraf.com et de l’eksisozluk semblent correspondre chacun à deux dimensions
d’un nouveau mode de socialisation (exhibition et surveillance), ils exposent,
en fait, des caractéristiques interdépendantes et en intersection. L’ironie
n’est pas réservée exclusivement au cas de l’eksisozluk, mais elle est
dispersée à de doses variées dans chacun des aveux dans l’itiraf.com. En
revanche, les définitions de
l’eksisozluk dévoilent assez souvent, tout en ironisant ‘les choses de la vie’
(la réification déguisée), les détails des relations affectives aussi bien que
l’extrême intimité d’une personne. Ce qui prouve collatéralement, que ces deux
aspects de la socialisation à travers l’expérience sociale fonctionnent d’une
manière complémentaire ; il est possible de prétendre qu’ils constituent
les deux apparences d’un même phénomène.
Comme une littérature volumineuse de recherches
sur l’expérience sociale virtualisée le démontrent assez souvent, l’intégration
avec les technologies individualisées engendre un milieu éphémère de stratégies
identitaires parmi les usagers de l’Internet, d’où la nature de l’expérience
sociale se réalise en termes de signifiants n’ayant aucun recours justificatif
universel. Ceci étant dit, le type d’expérience virtuelle qui s’en dégage ne
s’appuie que sur un plan de légitimité auto-proclamée et sur une logique
d’échange précipité entre les façades fallacieuses des personnalités flâneuses,
qui finalement, arrivent à convertir, au moins partiellement, la réalité
sociale en une simulation continue. Le type d’expérience ainsi formé évoque un
effet de jeu pour chaque utilisateur, afin d’éprouver l’impression de contrôler
les autres. Il est donc possible d’y observer l’émergence d’un processus de
surveillance continu à travers l’ensemble du réseau. Autrement dit, chaque
individu, chaque unité communicationnelle devient une instance de surveillance
par rapport aux autres. Une telle transformation au niveau de la nature de
l’expérience sociale affecte profondément l’intégrité ontologique de
l’individu, désormais dispensé de la plupart de ses facultés qui lui procurent
de l’autonomie existentielle, en dissociant les constituants de sa
subjectivité. Pourtant, loin d’être perçue comme une désintégration du soi, le
jeu de surveillance individualisée anime un effet de dissimulation sur le sujet
désorienté. La socialisation par expérience virtuelle accomplit un double
rôle : D’une part elle aide à multiplier les nouveaux modes de
socialisation et d’en former une nouvelle conception d’espace public en
convertissant tout individu/terminal en un surveillant potentiel motivé.
D’autre part, elle encourage, sous forme de jeux de socialités hyper-fluides et
majoritairement rhétoriques, un exhibitionnisme extrême, non-seulement au sens
corporel (mais qui n’y est pas absent lui non-plus grâce aux fonctions multimedia), mais au sens plutôt
psychique du terme. C’est l’esprit du soi qui se démantèle à travers une
diffusion de sa propre image. L’ouverture du privé de l’individu à l’espace
public devient une stratégie de la présentation du soi, sinon une vertu en soi.
L’exploration de l’intimité de l’autrui sert à la fois pour satisfaire le
besoin de socialisation, dont les canaux conventionnels sont de plus en plus
obstrués ou au moins troublés, et pour se
redécouvrir à travers l’autrui. Il n’est pas inattendu, dans une telle conception
du social, que la critique se dégrade aussitôt que l’originalité
intellectuelle, pendant que celle-ci figure sous un discours entièrement
ironique, mais qui ne mène conceptuellement nulle part. Le monde virtuel
devient ainsi le milieu par excellence
de la désorientation idéologique tout en la déguisant derrière un décor
carnavalesque scintillant.
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