Bulletin du CREIS numéro 19

Bulletin du CREIS n°19, 19 Décembre 1998

(NB : L’ensemble des numéros est disponible au Centre de Documentation du CREIS)

Sommaire

  • A PROPOS D’ANIS, Page 3
  • Le NIR (interconnexion des fichiers fiscaux et sociaux), Page 13
  • SURFICHES, NE VOUS EN FICHEZ PLUS, Page 19
  • 18ème Rapport d’activité de la CNIL (dossier de presse), Page 49
  • Déclaration des traitements mis en oeuvre dans le cadre d’un site Interne, Page 83

Editorial

Jean qui rit, Jean qui pleure …

Alors que l’informatique est partout, que l’autre bout du monde est au bout du clavier ou de la souris, un débat vieux de 20 ans refait surface avec une acuité toute particulière.

Des travailleurs sociaux, entre autres, se mobilisent contre des fichiers sociaux (Anis, Anaiss) enregistrant  » difficultés  » et  » potentialités  » des personnes suivies. Après intervention de plusieurs collectifs dont le collectif  » Informatique, fichiers, citoyenneté  » auquel appartient le CREIS, la CNIL a pris en octobre une nouvelle délibération. Elle considère que les « typologies sociales  » qui sont assez largement contestées par les travailleurs sociaux, sont dépourvues de pertinence au regard de la finalité exclusivement statistique du traitement et excessive au regard des droits et libertés des personnes concernées. La CNIL demande en conséquence au Conseil Général de l’Ain de  » supprimer les typologies préétablies relatives à la nature des difficultés sociales rencontrées par les personnes suivies, à leurs  » potentialités « , à la définition des objectifs à atteindre pour résoudre leurs difficultés et à l’évaluation des actions entreprises « . Nous nous réjouissons de cette décision. Mais quelque temps plus tard, nous voilà ramené 25 ans en arrière, à l’heure du projet Safari qui visait à permettre l’interconnexion des fichiers administratifs concernant les individus via le Numéro d’Identification au Répertoire (NIR) des individus tenu par l’INSEE.

Comme Jacques FAUVET (président de la CNIL) a aimé à le rappeler, à l’occasion des 20 ans de la loi relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, ce projet a provoqué dans l’opinion publique une prise de conscience d’autant plus aiguë que Philippe BOUCHER, alors rédacteur au MONDE, avait titré :  » Safari ou la chasse aux français « .

Depuis 20 ans, les volontés d’utiliser le NIR pour interconnecter des fichiers n’ont pas manqué.

En 1997, la dissolution de l’Assemblée Nationale a évité qu’elle se prononce pour l’interconnexion des fichiers fiscaux et sociaux à la sauvette, à l’occasion du vote de  » diverses dispositions d’ordre économique et financier « .

La CNIL a eu une position constante en l’affaire :  » éviter que les citoyens ne soient identifiés par un numéro unique qui rendrait possibles toutes les interconnexions de fichiers, celles qui sont légitimes et celles qui le seraient moins  » comme le rappelle Jacques FAUVET (le MONDE 1/12/98).

Et puis patatras, à l’occasion d’un amendement à la loi de finances, l’Assemblée Nationale vient d’autoriser l’administration fiscale à utiliser le Numéro d’Identification au Répertoire en vue d’une interconnexion avec les fichiers sociaux, sous prétexte de contrôle fiscal. Ainsi, une nouvelle fois à la sauvette, c’est tout le dispositif de protection des citoyens qui est remis en cause. En autorisant l’interconnexion a posteriori, c’est le principe même de finalité des fichiers, pierre angulaire de la loi du 6 janvier 1978, qui vole en éclat.

Comme l’a indiqué notre Président Daniel NAULLEAU,  » passer les bornes, il n’y a plus de limites « .

Pourquoi les députés ont-ils pris la lourde responsabilité de créer un état de fait autorisant l’utilisation du NIR pour l’interconnexion de fichiers, alors qu’ils doivent prochainement débattre de la transposition de la Directive Européenne de 95. A n’en pas douter, la question du NIR et de l’interconnexion des fichiers sera au coeur des débats. Il faudra bien que la transposition assure comme la directive le préconise, un haut niveau de protection des personnes.

Une pétition, à l’initiative des différents collectifs qui se sont mobilisés préalablement au vote de l’amendement à la loi des finances par l’Assemblée Nationale pour qu’il ne soit pas l’occasion de remettre en cause l’édifice de protection des libertés face à l’informatique, est annoncée. Ce sera pour chacun de nous, en lien avec tous ceux qui oeuvrent pour la protection des libertés, l’occasion de demander des comptes à nos députés.

Maurice Liscouët

ACTES du 11ème Colloque Européen en Informatique et Société

Informatisation et anticipations. Entre promesses et réalisations / Information Society: Looking ahead.
Promises and Achievements

Strasbourg, France
10, 11 et 12 Juin 1998 / June, 10 – 12, 1998

Organisé par :
Le CREIS  : Centre de coordination pour la Recherche et l’Enseignement en Informatique et Société
Le GERSULP : Groupe d’Etude et de Recherche sur la Science de l’Université Louis Pasteur

En association avec
L’AILF : Association des Informaticiens de Langue Française
La Revue Terminal

Comité de Programme
Comité d’organisation
Objectifs
Contributions
Ateliers

Comité de programme

  • Bernard ANCORI GERSULP, Université Louis Pasteur, Strasbourg
  • Philippe BRETON CNRS, Strasbourg
  • Dominique CARRE CREIS, Université Paris-Nord
  • Baudoin JURDANT UF CCI, Université Denis Diderot, Paris
  • Gérard KLEIN Ecrivain, Economiste, Editeur, Directeur de la collection Ailleurs et Demain, Laffont, Paris
  • Armin MURMANN Institut d’études sociales, Genève, Suisse
  • Daniel NAULLEAU CREIS, Université Pierre et Marie Curie, Paris
  • Robert PANICO CREIS, IUT de Caen
  • François PICHAULT Université de Liège, Belgique
  • Chantal RICHARD CREIS, Université Paris-Nord
  • Günther WEBER Fachhochschule, Darmstadt, Alemagne

Comité d’organisation

  • Bernard ANCORI GERSULP, Université Louis Pasteur, Strasbourg
  • Baudoin JURDANT UF CCI, Université Denis Diderot, Paris
  • Daniel NAULLEAU CREIS, Université Pierre et Marie Curie, Paris
  • Chantal RICHARD CREIS, Université Paris-Nord
  • Sylvie WEHRLE GERSULP, Université Louis Pasteur, Strasbourg

Objectifs

La fin des années 70 fut marquée en Europe par une réflexion sur les enjeux économiques et sociaux de
l’informatisation. Ainsi, en France, 1978 est l’année de la loi Informatique et Libertés, du rapport Nora-Minc,
« l’Informatisation de la Société ».

Vingt ans ont passé, marqués par l’émergence de la micro-informatique, les réseaux et les services
d’information. Qu’est-il advenu des contradictions constitutives de l’informatisation et, à leur suite, du cortège
des discours pro ou anti qui vont fédérer nombre de débats pendant tant d’années ? Quels sont, précisément, les
débats qui se sont apaisés, ceux qui à l’inverse se sont imposés et pourquoi ? Dans quel contexte économique,
social ou politique sont-ils apparus, et pourquoi ?

Afin de repérer les enjeux de l’informatisation, il nous a semblé opportun de revenir objectivement sur
l’évolution de ces débats, sur les utopies qui les ont traversés, sur les réalisations qui en ont résulté, en
s’efforçant d’évaluer, voire de renouveler, les outils, qui nous ont permis d’analyser depuis vingt ans ce
processus complexe. De nombreux discours d’anticipation ont marqué les vingt dernières années : discours
officiels, prospectifs, syndicaux, discours des chercheurs, des industriels, des médias, …, sans oublier la science
fiction qui a souvent mis en relief les excès de l’informatisation et donné des pistes de réflexion.

Nous proposons de confronter discours et réalisations, pour imaginer le futur.

Objectives

The end of the seventies in Europe was marked by a reflection on social and economic issues of computer
technology. In France, 1978 was the year of the law called « Informatique et liberté ». Twenty years went by,
during which micro-computers, networks and information services came in force. Now we must consider the
contradictions that were part of computerisation, and, as a consequence, the « pro » and « con » arguments which
have fuelled so many discussions all these years. We must also determine the which particular debates have
cooled down, and which others, in contrast, have became predominant, and why.

In order to identify the issues of information technology, we thought it appropriate to consider objectively these
matters, as well as the utopian views that stimulated them and their resulting achievements. We will try as well to
examine, and if possible to renew, the tools which, for twenty years, we have been using to analyse this complex
process.

A good number of anticipatory views have arisen in the last twenty years and could be found in official,
prospective and trade-union positions, in the fields of research, industry and the media, not to mention
Science-Fiction literature that often emphasised the excesses of computer technology and gave us food for
thought.

We intend to compare theory and achievement and imagine what the future will be like.

Les contributions

Informatique et Science-Fiction.
Gérard Klein, Economiste, Ecrivain, Directeur de la collection Ailleurs et demain,
Laffont, Paris, France

Les « villes numérisées » : entre discours de l’Union Européenne et initiatives locales spontanées en Belgique
francophone.
Marie D’Udekem-Gevers, CITA, FUNDP, Namur, Belgique

Un avenir sans politique.
André Vitalis, CEM, Université Michel de Montaigne, Bordeaux, France

Inforoutes et développements : les enjeux de la globalisation.
Dominique Desbois, INRA-ESR / SCEES, Paris, France

Information society visions: from the early utopies to the adequate government-level strategic planning methods.
Làszió Karvalics, Technical University, Budapest, Hungaria

Yugoslav legal ethical and social dilemmas of information technology.
Mirjana Drakulic, Ratimir Drakulic, Faculty of Organizational Sciences, University of
Belgrade, Yugoslavia

La productivité administrative et l’informatique : discours et réalités.
Jean-Louis Peaucelle, ENS Cachan, Paris, France

Rêves socio-techniques, implication et (dé)mobilisation des utilisateurs : le cas d’une expérimentation d’outils
groupware dans d’une entreprise automobile européenne.
Anne-Marie Dieu, Marc Zune, LENTIC, Université de Liège, Belgique

Computer Supported Cooperative Work : la fausse humilité des Sciences de l’Ingénieur.
Anne-France de St Laurent, IRIS-TS, Université Paris Dauphine, France

Cyberspace in arts and Science-Fiction.
Prof. Dr. Phil Herbert W. Franke, München, Germany

Intelligence et réseaux : représentation de l’ordinateur dans quelques récits de Science-Fiction des années 1980
aux années 1990.

Philippe Clermont, IUFM d’Alsace, Strasbourg, France

Jacques Lallement, GREFIGE, Université Nancy 2, France

Les discours des musées sur les technologies d’information et de communication.
Geneviève Vidal, Université Paris VIII, France

La modélisation des connaissances et du savoir : interrogations critiques autour d’une nouvelle voie de
l’informatisation sociale.
Yolande Combès, Université Paris Nord, France

Ateliers

De l’entreprise cybernétique au cyberspace : anticipations et utopies dans les discours techno-scientifiques.
Guy Lacroix, Université d’Evry, Paris, France

Informatique et utilisateurs : bilan, réalisation et perspectives.
Christine Sybord, IAE, Université Lyon III, France

Cité, citoyennes et citoyens face à l’informatisation
Animateur Armin Murmann, Institut d’Etudes Sociales, Genève, Suisse

Leçons rétrospectives de quatre grands rapports publics sur l’informatisation de la France (1978-1998).
Michel Burnier, Universitéd’Evry, France

Barbara Multner, Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3, France
Synthèse des travaux.

Bulletin du CREIS numéro 18

Bulletin du CREIS n°18, 18 février 1998

Sommaire

INFORMATIQUE ET LIBERTES

  • Lettres à la CNIL pour le retrait de sa délibération 97-097
  • Contributions pour la transposition de la directive européenne
  • 17ème rapport d’activité de la CNIL

DOCUMENTS PEDAGOGIQUES

  • Les branches et les sources du droit – L’élaboration de la loi ordinaire – Amaria DUPIN
  • L’organisation judiciaire – Amaria DUPIN
  • Le droit de l’Internet – Amaria DUPIN
  • Quelques articles du droit civil pour comprendre le droit de l’informatique – Henri HABRIAS.
  • Quelques articles du code de la propriété intellectuelle – Henri HABRIAS

CONTRIBUTION

  • Introduction à la conceptualisation : la querelle des Universaux – Henri HABRIAS, Page 93

Editorial

Pas si virtuel que cela …

Comme vous l’annonce la plaquette jointe à ce bulletin, le CREIS co-organise avec le GERSULP, un colloque les 10-12 juin à Strasbourg :  » Informatisation et anticipations – Entre promesses et réalisations « . Inscrivez-vous.

La loi  » informatique et libertés  » a vingt ans. Avant elle, il y eut GAMIN, SAFARI, l’article du journal  » Le Monde  » du 21 mars 1974 :  » SAFARI ou la chasse aux français « . Il apparaissait alors nécessaire de protéger les individus contre le pouvoir inquisiteur de l’informatique, de limiter les interconnexions de fichiers, de ne pas enfermer l’individu dans un profil. De tout cela la loi de 1978 s’est nourrie. Et puis voilà que vingt ans après, la tentation de codification rigide des comportements refait surface au travers de système de  » gestion informatisée de l’aide sociale à l’enfance et de l’action sociale « . Le CREIS et d’autres collectifs ont écrit à la CNIL et ont demandé audience à propos de sa délibération concernant ce système (pages 3-6).

La loi française vit ses derniers jours, puisque l’état français doit, avant le 25 octobre 1998, transposer dans son droit national la directive européenne 95/46CE relative à la protection des personnes physiques à l’égard des traitements des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données. Lionel Jospin a confié, à propos de cette transposition, une mission de rapport et de proposition à M. Braibant. Le CREIS et le collectif  » Informatique, fichiers et citoyenneté « , auquel le CREIS appartient, ont écrit à M. Braibant (pages 7-13). Le CREIS a été reçu le 11 décembre. M. Braibant vient de remettre son rapport (Le Monde du 6 mars). Il semble que la priorité soit donnée aux contrôles a posteriori et que les cas dâexamen préalable soient extrêmement réduits.

Le débat citoyen sur la transposition demeure donc d’actualité. Le collectif  » Informatique, fichiers et citoyenneté  » organise, le 25 avril à Paris, une rencontre-débat :  » Surfichés, ne vous en fichez plus  » (annonce jointe à ce bulletin).

Dans son 17ème rapport la CNIL souligne que lâInternet pose des problèmes nouveaux vis à vis de la protection des données. Vous trouverez dans ce numéro le dossier remis par la CNIL lors de sa conférence de presse annonçant le rapport.

La CNIL vous offre sur son site ( http://www.cnil.fr ) une démonstration ( » Découvrez comment vous êtes pistés sur Internet « ) de ce que l’on peut saisir à votre insu lors dâun butinage sur le WEB. Instructif !

Côté société de l’information, ça rapporte, ça colloque. Elle trépigne à notre porte. Elle est là. Il ne faut pas rater cette révolution de l’information. Les rapports volumineux se succèdent. Le conseil interministériel se doit de  » préparer l’entrée de la France dans la société de l’information  » (http://www.premier-ministre.gouv.fr). Vous serez, sans aucun doute, estomaqué de savoir que  » tout le cabinet à Matignon, par exemple, est maintenant en réseau. Quand je suis arrivé, ce n’était pas le cas, c’est à dire que les membres du cabinet, lorsqu’ils voulaient transmettre une note, se déplaçaient avec leur disquette !  » (L. Jospin). Pôvres d’eux, ils devront trouver d’autres prétextes pour aller compter fleurette … Quand au sénat il rapporte  » sur les techniques des apprentissages essentiels pour une bonne insertion dans la société de l’information  » (http://www.senat.fr). Et puis, il y a même la fête de l’Internet :  » manifestation d’ampleur nationale qui se déroulera pour la première fois les 20 et 21 mars sur le modèle de la fête de la musique  » (http://www.fete-internet.fr).

On ne parle plus que de société de l’information, pourtant la transparence nâest pas toujours au rendez-vous. Dans sa livraison de février, Le Monde Diplomatique présente l’AMI (accord multilatéral sur lâinvestissement) sous le titre :  » le nouveau manifeste du capitalisme mondial « . Il indique qu’il  » faut remonter aux traités coloniaux les plus léonins pour trouver exposés avec autant dâarrogance dominatrice que dans l’AMI les droits imprescriptibles du plus fort – ici, les sociétés transnationales – et les obligations draconiennes imposées aux peuples. « . Cet accord a été  » élaboré au sein de l’OCDE, à l’insu des citoyens « . (http://www.monde-diplomatique.fr)

Société de l’information, village mondial, organismes génétiquement modifiés, AMI : tout va très vite, trop vite. Et s’il y avait un grand ordonnateur …

Maurice Liscouët

Colloques précédents

Les actes des colloques suivants sont disponibles en s’adressant au CREIS

« Responsabilités sociales et formation des acteurs de l’informatisation », Namur, 1995

« Chances et risques de l’informatisation dans l’Europe de demain », Paris, 1992

« Informatique et Libertés : nouvelles menaces, nouvelles solutions », Nantes, 1990

« Représentation du Réel et Informatisation », St-Etienne, 1988

« Histoire et Epistémologie de l’informatique », Paris, 1986

« Enseignement et Informatique », Compiègne, 1984

« Alternatives en Informatique », Nancy, 1983

« Information et Informatique », Lyon, 1982

« Informatique et conditions de travail », Toulouse, 1981

« Informatique et Libertés », Nantes, 1979

« Réflexions pédagogiques, constitution du groupe », Paris, 1979